C’était il y a presque un an, mais ce jour est un jour qui m’a marqué profondément. Je m’en doutais depuis quelques épisodes, et puis c’est arrivé, un anime s’est révélé à mon coeur pour ne plus jamais en sortir.
Comme tous les mercredis, je travaille de chez moi. En fait c’est tous les jours ainsi, héritage du covid et choix volontaire. L’environnement s’en porte mieux même si mon ancien PDG soupçonnait que c’était un piège à fénéant. Ce genre de personnes qui se cachent dans un carton d’emballage pour jouer de la guitare, ou pour se cacher et ainsi glander. Mais non, les circonstances au travail étaient plus au recrutement qu’à se cacher. En plus, comment se cacher quand on ne peut pas au travers d’une conversation distance. Ahhh l’anxiété sociale a du bon parfois, et pas que quand elle est un prétexte à se cacher. Non, elle est primordiale à nos existences quand elle induit la créativité, le génie.
Bocchi The Rock!, manga peu populaire, arrivait au 8ème épisode de son adaptation en anime. Cette adaptation commençait à faire parler, car il y a eu un travail d’une rare créativité. A la base, Bocchi n’est qu’une jeune lycéenne, TRES timide, qui ne s’exprime que dans TRES peu de cases. Et d’un coup, des gags présents dans une seule case devenait des occasions de créer une scène hilarante, créative, usant de tous les artifices possibles à un medium en manque d’originalité, bercé par le ronron des Isekai aux titres à rallonge ou autres animes démonstratifs de force et de violence.
Bocchi est malmenée, elle la si frêle génie à la guitare antique sans note en toque. Ses yeux si timides vont, d’un coup dans cet épisode 8, devenir d’une force qu’aucun héros n’aura jamais atteins. La détermination de ce petit bout de nana, cette jeune femme timide, va être un exemple, une idole, une héroïne, celle qui m’a fait trembler durant quelques minutes, même si ce n’est qu’une fiction.
Comme souvent, un typhon souffle au dehors, sa force empêche ceux qui pouvaient venir voir le groupe, « Les Attaches », et ils sont donc condamnés à ne pas viser leur chaussures devant la scène. Peu de gens étaient là, du moins à la première. Il y en aurait d’autres, à commencer par votre humble serviteur qui regardera cette scène plusieurs fois pour voir s’il n’avait pas rêvé ce moment. Mais soit, il n’y avait quasi personne. La musique finira par retentir, en dissonance, sans âme, à cause de l’absence de motivation, du manque de monde que sais-je.
Les gens se désintéressent, regardent leur smartphones. Pourtant la tempête finira par sonner dans un solo de Bocchi, lassée et déterminée à renverser la scène. Les cordes de la Gibson sonnent, la guitare ne se plaint plus, ne pleure pas et hurle la douleur d’un sentiment de solitude. La lumière s’éteind, la batterie suit, la basse enchaîne et la guitare rythmique est là. Il ne reste plus qu’à déclamer les paroles qui parlent de « ce groupe ».
Nijika comprends alors…
Elles regardent toutes l’héroïne, celle qui bats la mesure mieux qu’un métronome et assure le tempo sans vaciller. Il n’y a rien autour d’elle, la tempête extérieure disparaît quand à l’intérieur il y a un cri puissant, la force de la fille aux deux cubes. Elle n’a plus rien de mignon elle devient une rock star de 4 minutes, et la réalisation la suit comme dans un concert sur une scène de MTV, de Taratata, la caméra au bout de son manche de guitare. Que ceux qui n’y voient pas la beauté de l’art ignorent la musique à tout jamais, car l’art montre ce que l’animation n’avait pas montré. C’est ainsi que l’on représente la détresse et la force de ceux qui ne savent que hurler par le biais d’un accord et des cordes. Bocchi lance et fini par son solo, elle le finit par un geste ample, comme si la possession par son âme de déesse du rock était finie. Elle redevient cette petite nana mignonne mais ultra timide, qui n’a pas sa place parmi les autres selon elle.
Pour ceux qui aiment la musique, pour ceux qui aiment l’animation japonaise, ce moment est crucial, inoubliable je crois.
C’est Taratata ou quoi?
Et puisque l’anime ne pouvait plus se cacher, puisque flotter à la surface avec quelques gags n’était plus suffisant, l’anime la joue clin d’oeil au fan en citant son propre titre, le fan service ultime après une telle performance. C’est la preuve que la production sait très bien ce qu’elle fait. Jamais je n’avais vu CloverWorks sortir quelque chose d’aussi abouti sur une vingtaine de minutes au delà de la qualité visuelle et tout le reste. Ici on se passe de la perfection, ici on n’a pas cherché à faire le meilleur anime de la création.
Ici on n’a juste vu ce qu’était un épisode fait pour être un anime de musique, en ayant à la fois de la musique qui est respectée, en ayant de l’humour dans l’animation. Les scènes racontent quelque chose, et il y a des clins d’oeil. Et pour surplomber le tout, la moralité par Nijika est terriblement belle, à filer les larmes aux yeux quand elle parle.
Voilà ce qu’est un anime qui joue avec l’art et qui l’utilise autrement que pour en mettre plein la vue. Voilà ce que devrait je crois être un anime quand les gens y travaillant aiment l’oeuvre qu’ils représentent et ne font pas du travail au kilomètre pour un public qui n’exige que l’émotion dans la force.
C’est pour ça que le 27/11/2022, je ne l’oublierais pas, comme la première fois où j’ai vu Clannad, ou Evangelion.
Encore
Au delà de l’anime, les comédiennes ont fait un concert, comme K-on!.
Sayumi Suzushiro chante une chanson, comme le personnage qu’elle double, avec toute l’aura de joie et d’énergie qui la caractérise. Elle est si rayonnante qu’elle brille de mille feux.
Ikumi Hasegawa est une comédienne doublée d’une chanteuse de talent. comme Kita, elle est parfaite et ultra pro dans ce qu’elle fait.
Saku Mizuno est aussi à l’image de son personnage, assez timide mais elle fait bien son passage.
Et puis il y a Yoshino Aoyama, qui double Bocchi, chante une chanson en jouant de la guitare.
Je me souviens l’avoir vu dans une émission quelques mois plus tôt où elle faisait la promo d’une boutique ressemblant étrangement à la boutique de l’anime. Je ne comprends pas tout, mais je comprends qu’elle apprends la guitare, elle joue quelques notes de Seishun Complex, l’opening. C’est pas terrible, elle doit jouer de la guitare aussi mal que moi! C »est dire!
Et le jour du concert… elle joue « Rock’n’Roll, Morning light falls on you » de Asian Kung-fu Generation, la chanson qu’elle interprète dans l’anime réarrangée, lors du dernier épisode paru le jour de noel 2022, meilleur cadeau du monde.
Elle la chante, elle la joue, et elle fait tout ça bien. Dans ses yeux elle est Bocchi. Elle est si stressée qu’elle a donné des larmes aux yeux à tout le monde (dont moi). A la fin, elle est ovationnée, elle tremble, elle a réussit. Cet anime, ces comédiennes, ce staff, tout ça c’est venu de nulle part, ils ont gagné le cœur des gens à la sueur de leur travail. Personne ne les as vu venir. Et personne ne voudra jamais plus les laisser repartir tellement elles ont tout bousculé en 2022, elles et leur staff, elles et Aki Hamaji, la créatrice de l’œuvre qui a vu sa popularité exploser, si bien que son stand était bien trop petit au comicon.
C’est donc le 27/11/2022 que Bocchi The Rock! s’est engagée sur une route pour devenir une œuvre immense, une œuvre qui a finit par entrer dans mon top 10 sans forcer, et qui m’aura fait reprendre l’import depuis le japon de pas mal de trucs… et ça m’a coûté cher!
Mais c’est pour ce genre d’œuvre que je suis ces productions. Et à ce moment là je sais qu’il y en aura une autre qui tardera pas à pointer le bout de son nez dans mon top aussi, une histoire d’Idol et d’étoiles dans les yeux à glacer le sang.
P.S: ne dîtes pas à Aniplex que j’ai des images du concert please! (J’ai commandé le Bluray, qu’ils me pardonnent!)