Pour ceux qui ne vivent pas dans la grotte de Platon ou un truc qui y ressemble, il y a eu un truc un peu fou qui est arrivé cette fin 2023 / début 2024. En fait c’est arrivé dans le monde, et à une moindre mesure en France, pays Nekketsuisé par une audience en manque d’adénaline. Comme vous l’aurez compris à cette introduction, je ne suis pas (plus) un spectateur de DBZ ou autre joyeusetés pour obtenir une dose d’adrénaline, j’ai choisi un truc plus simple et plus authentique, mais ça dira-t-on que c’est l’âge et le contexte social dans lequel j’ai vécu, et dans lequel je vis.
Mais je ne suis pas le sujet du jour, et je ne cherche pas à me légitimer, enfin si un peu, car parler de Frieren en France quelques vidéastes l’on fait. J’ai moi même écrit un petit avis sur SensCritique, mais je voulais simplement prendre quelques paragraphes pour parler (encore) de cette œuvre. Car j’ai écrit beaucoup de choses, j’en ai jeté les 3/4 mais une chose est sûre, mon petit monde de l’animation japonaise avec une classification très claire a été chamboulé par Frieren. Je pensais que des oeuvres comme « Bocchi The Rock! » ou même « Oshi No Ko » me donnerait un peu de nouveauté, mais que mes oeuvres préférées étaient intouchables. Mais force est de constater que, sur mon podium perso, il devait y avoir une place pour Frieren, ou jamais plus je ne pourrais regarder un anime japonais.
Un genre que je déteste
Alors voilà, ma vie m’a poussé à ne plus regarder de fantasy. Je n’aimais pas trop le genre, mais disons que comme certains, des jeux vidéos ont eu un impact fort dans ma vie, pour ma part de manière indirecte concernant les jeux basés sur un monde de fantasy. C’est pour cela que j’ai attendu un peu pour commencer Frieren, juste le 1er janvier 2024.
Rare image de Frieren qui cherche la commu française d’anime.
Je vais tâcher d’être précis, mais ce n’est pas le premier anime qui a un épisode 1 accrocheur. C’est même devenu une norme, beaucoup d’animes sont originaux, voire même se permettent quasiment de faire un long métrage pour leur premier épisode. OnK l’a fait, car les aventures de la belle Aï nécessitaient un long moment pour être comprises (et dans le manga c’était très dense à lire pour un premier tome). Frieren est un anime qui est maître du temps, et qui le maîtrise tellement que l’anime commence par la fin de l’aventure la plus incroyable dans ce monde là, si bien que l’enjeu n’est pas la gloire, le combat ou l’action pour l’action. L’anime conte un temps de paix, où 4 compagnons ont vaincu un ennemi incroyablement puissant. Mais pour notre petite elfe, ce n’est qu’un moment bref, une sorte de prophétie qui se réalise, un accomplissement pour lequel elle était préparée d’une certaine manière.
Ce qu’elle ne savait pas, c’est que sa longue vie allait changer pour toujours. Non pas comme dans quasi toutes les œuvres par la reconnaissance qu’on aurait pour elle, mais parce qu’elle a partagé des moments avec des compagnons de voyage. Elle qui est toujours en quête de sorts va réaliser après un temps que la magie est une chose, mais que ce qui est important, c’est les souvenirs. Petit à petit notre maîtresse du temps change de rythme, conçoit que ses amis l’importent et qu’elle a fait de graves erreurs en n’apprenant pas à les connaître.
Cet anime de fantasy n’est pas comme les autres. A vrai dire on est loin d’une épopée à la Seigneur des anneaux. On est loin de tout ce qui existe. Je crois que c’est ça qui m’a convaincu dès la première seconde. Loin de la fureur du monde et de la haine agitant les imbéciles, l’anime est une source intarissable de bonté humaine, de valeurs respectables et d’intérêt narratif constant. Les animes jouent toujours sur des rebondissements en fin d’épisode, mais ici l’anime est constamment intéressant, dans une maîtrise du temps peut-être moins juste dans le principe que dans « To your eternity« , mais ceci est facilement compensé par la facilité qu’a l’œuvre à nous impliquer, nous imprégner de son histoire. Même une dame agée au détour d’un chemin a son passé, et bien souvent aussi sert de prétexte à rappeler le passer par de subtils flashbacks.
Le second arc lui relate des aventures dans un donjon, avec un rythme plus soutenu. Beaucoup de personnages sont présentés et ici encore la maîtresse du temps nous fait vivre à travers elle, à travers sa perception cette aventure particulière. Cette partie est une étape obligatoire dans l’aventure de la légendaire mage, mais je ne souhaite pas spoiler cette histoire, car il ne m’est pas concevable que quelqu’un veuille ignorer ce qui est un renouveau d’un genre je crois.
Le héros qui n’a qu’un visage, l’héroïne qui n’en est pas une
Himmel le Brave
Il y a longtemps un chanteur qui s’appelait Daniel Balavoine chantait qu’il n’était pas un héros. Et c’est finalement une vérité pour plein de héros qui n’en sont pas. C’est pour cela qu’on les aime, ce héros qui apparaît sur toutes les statues de ce monde, qui est proche des gens et que les gens adorent a fait aussi tout ça dans un but profondément humain. Car la communication entre humains est compliquée, imaginez alors communiquer avec une elfe qui n’a pas la même capacité d’empathie par essence, et dont la longue vie ne pousse pas à penser à l’attachement, la continuité de sa lignée ou autre. Frieren ne pense pas à cela.
Malgré leur réussite, elle n’est qu’un prétexte pour l’anime, un fil rouge que l’on va découdre pour au final laisser comprendre à une anti héroïne parfaite, une mage qui voit le monde et le temps évoluer au rythme des changements dans son cœur. Elle ne faisait que continuer le chemin comme un fleuve sans but, elle devient un être parsemé d’aspérités, cherchant dans les yeux de ses nouveaux compagnons et dans les miettes du passé ce qu’elle a loupé, ce qu’elle a, et qui elle est. Les souvenirs, ces moments d’un temps passé qui après avoir défilé très vite dans le référentiel de Frieren, reviendront comme des moments précieux. Ce qui importe c’est le voyage dit-on souvent, c’est ce que cette œuvre montre à chaque seconde. Il n’y a aucun ennui, même l’ennui n’ose pas intervenir de peur de n’avoir aucun droit à apparaître tant le récit est paisible et humain.
Un travail colossal orchestré par des orfèvres
Pour terminer, j’aimerais parler de Frieren d’un point de vue plus technique. Au delà du fait que le studio Madhouse revient un peu plus sur le devant de la scène (et ce n’était plus arrivé depuis quelques années), Frieren existe grâce à un travail qui a duré 3 ans. Sachant que le manga est sorti en 2020, qu’il s’agit du premier manga de Yamada Kanehito et de Abe Tsukasa (au dessin), qu’il a été coordonné par Keiichirou Saitou (qui faisait aussi un anime pas très connu, l’anime de l’année 2022, Bocchi The Rock!), que Ervan Call l’incroyable compositeur ayant composer pour Violet Evergarden… que des actrices et acteurs de doublages se sont manifestement donné rendez-vous sur cette série pour faire un travail canon, et bien… tout était là pour ce que nous avons pu voir. Si vous ne l’avez pas vu, Frieren a accompli un exploit dans la communauté anime, celui de se classer numéro 1 sur les sites de référence (comme myanimelist). Et cette arrivée en haut du classement n’est pas la traditionnelle arrivée en haut du classement à cause de la hype.
Il y a autre chose, l’anime dépasse largement les autres en notations, et cela commence à durer depuis un moment. En fait plus le temps passe, plus rien ne semble pouvoir inquiéter cette série qui trône à la première place, car cela paraît à la fois incontestable, mérité et si juste en analysant un peu froidement.
Frieren a finit par enterrer les autres animes, elle la fossoyeuse qui n’aime pas les funérailles. L’ère de Frieren au sommet de l’animation japonaise est arrivée.
P.S: le revers de la médaille est que pour peu que l’on accorde autant d’importance à Frieren que j’en apporte dans mon parcours d’amateur d’animation japonaise (et de manga), regarder un anime après un anime comme celui ci est très compliqué. Par exemple, la franchise Yuru Camp continue cette saison, et j’ai beaucoup de mal à y aller, même si je l’adore du fond du coeur cette franchise et que j’ai tout les bluray et manga. Mais après Frieren, tout est un peu différent je crois, du moins pour moi. C’est ça de trouver un de ses animes fétiches.