Sousou No Frieren


Cet avis était initialement sur SensCritique, je préfère l’avoir ici


La petite Frieren

4 ans après le début des aventures de « Sousou no Frieren »

Un jour il y a quelques années, une artiste nommée Kanehito Yamada décida de conter l’aventure d’une petite elfe, assez jeune, qui allait changer pas mal de choses. Elle aura à cœur de le faire et cela depuis 4 ans, remportant plusieurs prix (dont le quatorzième manga Taisho awards).

Et puis, j’imagine que cela s’est passé comme cela, Kanehito sensei a été contactée, probablement pour lui indiquer que son œuvre serait adaptée en anime. Cette œuvre si simple, qui ne parle au début que d’une simple aventure de 10 ans. Une aventure à la fois courte, à la fois longue. Une aventure pour tuer le roi démon, une aventure victorieuse.

Cela fait maintenant 10 ans que cette aventure a commencé, et elle prend fin maintenant. Frieren, l’elfe mage et ses compagnons sont de retour après une décénnie qui paraît si longue à Himmel le Brave, Heiter le prêtre un peu trop accro à la bouteille et Eisen le nain à la force redoutable. Mais pour Frieren, c’est comme un battement de cils, elle qui vit depuis des centaines d’années. Quittant ses camarades pour poursuivre sa quête de sorts plus inutiles les uns que les autres, elle revient un jour et découvre que ses camarades sont désormais vieux, alors qu’elle est toujours une jeune elfe. Mais la mort finit toujours par rattraper les humains, et Himmel le Brave va quitter le groupe pour s’en aller ailleurs où son âme reposera. Frieren se rend alors compte que la vie de ses camarades était très brève, elle l’apprend en souffrant comme jamais, et décide de réaliser leurs demandes au final, car qui sait combien de temps elle pourra encore profiter de ses amis…

Préambule: vous allez chialer dans cette série. Vraiment. Parfois même pour un détail, mais ça fait TRES mal. Vous pleurerez car Frieren ne va pas forcément ressentir, vous savez un peu comme cette jeune fille qui lui ressemble un peu dans le caractère, une certaine… Violet Evergarden. Nous allons en reparler un peu plus tard, il n’y a pas de hasards, surtout pas dans cet anime.

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Animation

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L’animation et le soin apporté au graphisme est simple: regardez simplement les cheveux de Fern. La longue chevelure de notre petite mage est animée à la perfection. Et ce n’est pas que ça, je prends un exemple avec Stark et ce fameux dragon. La scène est courte (comme la majorité des scènes d’action dieu merci, on est pas sur un anime pour adolescent en mal de combat), mais bon sang la façon dont elle est restituée est folle. D’ailleurs je parle de Fern mais le manque d’expressivité de Frieren est assez spécial, car c’est bien la première fois qu’une femme aussi stoïque exprime autant de chose par son attitude générale. Vraiment ça, c’est quelque chose qui mérite d’être souligné, peut-être plus que le détail capillaire à propos de Fern. Cela jouera sur votre appréciation de l’oeuvre, car les sourires de Frieren valent très cher.

Petite remarque cependant sur l’inexpressivité qui prévaut pendant une partie du récit sur le charadesign. A ce niveau d’animation et de dessin, on sent que c’est un choix assez fort, et qui rend les larmes ou les sourires d’autant plus importants et acteurs même de l’histoire. Mieux, regardez le personnage de Frieren et vous pouvez lire facilement ce qu’elle pense en regardant son expression faciale. C’est pas mal du tout et ça indique que finalement, ce qui a été la charnière pour la représentation de l’oeuvre est avant tout les personnages et leurs expressions. Les combats, la 3d ou tout le reste n’a pas été hyper boostée pour flatter l’oeil de l’amateur de sensation car la sensation vient de l’émotion montrée et pas de l’action outrancière.

Mais j’ai omis de parler de l’éléphant dans la pièce, car Madhouse est plutôt discret depuis ces dernières années. Et si c’était pour faire ça… et bien c’est largement justifié. Le travail sur la partie graphique montre que Madhouse est toujours l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand avec Kyoto Animation (n’en déplaise à certains). « A place further than the Universe« , autre de leurs animes qui a clairement marqué son époque, était déjà un petit joyau dans son style ultra épuré et glacial, vraiment un anime à découvrir. Et là encore une fois ils prouvent que s’ils veulent, ils peuvent. Ce qui est un peu dommage c’est que les plus jeunes d’entre vous ne connaissent pas vraiment ces studios qui sont devenu moins actifs pour diverses raisons. Mais sachez que Madhouse est clairement un studio à suivre, plus que d’autres et leur cgi 3d à en dégueuler de violence graphique (parce que, vraiment, que quelqu’un empêche le studio GoHands de faire de la 3d, pitié, je vais probablement devoir porter des lunettes bientôt et ça je le dois en partie à l’horreur de leurs productions comme Suki na Ko ga Megane o Wasureta).

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Sons / doublage

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L’opening numéro 1 est certainement l’un des meilleurs de 2023 et sans mentir, il me touche directement comme celui d’un certain Yoasobi pour Oshi no Ko. Cela tombe bien, c’est encore ce duo qui réalise un op à la rythmique variable et avec des accords musicalement unique (comme pour Idol). Je suis désolé pour Ado qui a de très grand op aussi mais là on est sur autre chose.

L’opening numéro 2 change la tonalité dans les paroles, et est plus décousu musicalement mais très intéressant (faire plus décousu que Yoasobi est déjà un exploit lol). A vrai dire cet opening, quand traduit, montre une magnifique déclaration d’amour tellement précise et sur mesure pour l’anime… je vous re commande la vidéo de « Hiromi Soooo Japonais » qui l’a interprêté et traduite. C’est à en avoir les larmes aux yeux.

Et pour être honnête, l’ending et sa variation sont une perle, un des ending qui saura se graver dans votre esprit. En fait c’est plus que ça, toute la sonorisation par Ervan Call est du même niveau que pour Violet Evergarden. Je vais dire un truc pour la première fois dans cet avis: cet anime est fait pour durer dans la japanime, on va en parler TRES longtemps, plus qu’Oshi No Ko et les autres, plus même que le précédent du réalisateur (Bocchi The Rock!, et croyez moi ça me coûte beaucoup d’écrire ça).

Et comment ne pas parler de l’acting d’Atsumi Tanezaki en tant que Frieren, elle est plus que le personnage. Rarement on sent une interprétation si fusionnelle, même lorsque Frieren s’adoucit un peu au contact des gens et qu’elle comprend de plus en plus. C’est subtil, tout en respiration et en petits rictus parfois, elle fait un grand travail. Pas étonnant que sur certaines récompenses elle soit au top, mettant presque le travail de Kana Ichinose et des autres au second plan. Et pourtant! Même sur les seconds rôles, c’est du très grand travail. Je prends pour exemple Ayana Taketatsu qui interprète Aura dans un registre que personnellement, je ne lui connaissais pas! Et Sayumi Suzushiro dans un rôle comme celui de Lawine… bref j’ai l’impression de redécouvrir des actrices et des acteurs autour de cette oeuvre si singulière.

Je n’ai même pas trop insisté sur le rôle d’Ervan Call qui a semble-t-il adapté sa musique à l’anime presque à la volée… comme pour la partie graphique il y a tellement de travail sur cet anime, ce serait injuste pour ceux qui le remarque de ne pas le notifier. Et c’est tout de même amusant qu’il soit là pour un personnage comme Frieren qui, personnellement, m’a pas mal rappelé Violet Evergarden. Il avait déjà réalisé l’OST pour l’ensemble de l’oeuvre qui mettait en scène la magnifique Violet, et on sent qu’il a saisi l’opportunité de voir un personnage qui a pas mal en commun avec notre rédactrice de lettres préférée.

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Histoire / scénario

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Pour comprendre cette œuvre, il faut intégrer d’une part le fait que Frieren est l’observatrice et qu’on vit comme elle vit, et d’autres part que l’on ressent comme elle, elle qui est d’une certaine manière ce que l’on appelle une Kuudere. Et c’est bien l’une des premières fois où, comme dans Violet Evergarden, l’héroïne est plutôt réservée, peu bavarde, infiniment gentille mais a des difficultés à comprendre les autres. Dans le passé, ce genre d’archétype de personnage était au second plan (comme Yuki Nagato dans La mélancolie d’Haruhi SuzumiyaKanade Tachibana dans Angel Beats!… etc…). Mais à la différence de celles citées précédemment, Frieren est une elfe, a une vie quasi infinie et n’a pas les envies, ressentis et autres qu’on les humains. Je tenais à ce que ce soit clair pour comprendre pourquoi cet anime a réussi quelque chose de vraiment immense.

Dès le début, le temps est au tempo de Frieren. Le premier épisode relate la fin de son aventure avec Himmel le Brave, Heiter le prête un peu portée sur la bouteille et le courageux nain Eisen. L’aventure est donc finie vers le premier épisode, et ce en quelques minutes. Frieren les quitte alors, malgré un périple de 10 ans ensembles, elle veut continuer sa quête de sorts magiques et de bibelots inutiles. J’ai oublié de le préciser, Frieren est une mage, une mage très particulière. Quelques temps après, elle revient rendre visite à ses compagnons d’aventure, car si l’aventure où ils vaincurent le roi démon était merveilleuse, elle voulait contempler une fois avec eux un spectacle unique. (que je vous spoile pas).

Mais hélas pour Frieren, ce dernier moment magique sera aussi une prise de conscience, une fin et un début d’autre chose. Elle comprends alors que la vie humaine est bien trop courte, et qu’on ne peut plus découvrir ou en apprendre plus quand un Héros nous quitte. La mort de Himmel le Brave est un déchirement pour elle. Elle n’aura dès lors à cœur que de mieux cerner les humains.

(et ça c’est juste le premier épisode)

Frieren a son temp à elle, je le redis pour que ce soit bien clair, le récit est calé sur sa perception des choses, et cela aide à mieux comprendre pourquoi l’histoire paraît si courte ou si longue parfois. Mais cette production est l’une des plus abouties au niveau temps du récit. En somme, il n’y a aucun temps inutile, aucun passage pour gagner du temps ou remplir un abysse vide de sens tannt le scénario serait pauvre. En réalité, tout dans Frieren a une importance. C’est d’autant plus difficile à rendre un film cohérent, complet et dense comme l’est par exemple Wall-E (avec notamment tout une intro muette qui continue de me laisser admiratif), mais si certains films le font sur un temps relativement court, cet anime le fait sur 28 épisodes de 25 minutes. A ce niveau là, il ne me paraît pas insensé de considérer que cet anime, par sa façon de toujours remplir le temps par de la logique dans les enchainements, est un des maîtres tout médias confondus. J’ai pas mal réfléchis avant d’écrire ça, mais quand on mets les films Disney sur un piédestal pour leur superbe prestation, il faudra aussi considérer que dans un autre format, Frieren existe et a fait ce que l’on a vu ici. C’est juste une question de placer des tropes de manière subtile, de ne pas user de trop d’artifices pour les faire revenir plus tard. Frieren est un anime précis, qui joue une partition écrite par une virtuose et réalisé par un chef d’orchestre extrêmement doué. Le récital de l’oeuvre est magistral, si bien que les combats sont insignifiants et n’ont qu’une portée plutôt symbolique. Ce sont juste des marqueurs, une virgule dans le scénario. Les amateurs de fantasy peuvent souffrir un peu, de mon côté cela ne me dérange pas, je n’aime pas la fantasy (sauf Frieren désormais).

Et si je parle de fantasy, je dois un peu parler de Frieren (et un peu de Fern). Notre observatrice est une enfant, car elle est plutôt jeune pour sa race et malgré cela elle apprends, encore et toujours. Et le fait que Frieren soit une elfe au centre du récit (pas comme Galadrielle par exemple), cela permet une nuance importante car elle ne ressent pas pareil, et cela semble être le commun des elfes dans cet univers. Plus tard elle rencontre dans le récit es elfes qui sont comme elles, assez insensibles aux notions relativement basiques pour les humains. Et c’est là que le génie du récit introduit Fern, une jeune mage humaine, qui va rencontrer la route de Frieren et qui va être près d’elle pour la caler dans un temps qui n’est pas du tout celui d’une elfe. Elle prend alors un rythme d’humaine, et se rend compte de beaucoup, beaucoup de choses. Le récit raconte d’ailleurs ce qu’il n’avait même pas effleuré au début, car si l’on a vu expédiée l’aventure de 10 ans qui a entrainé la chute du roi démon (et permit une paix qui propagera la magie chez les humains), le scénario apportera nombre de flashbacks sur cette aventure au sein même d’une autre aventure où Frieren reviendra un peu malgré elle sur ses pas. Et là, je vous assure que parfois, cela va être dur à vivre d’être le regard de Frieren, et ses sentiments.

Je vous laisse découvrir, mais cet anime aura tendance à ne pas vous laisser indemne.

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Conclusion

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Il est évident que la conclusion ici est que Madhouse est de retour, et signe ce qui sera, malgré d’excellents challengers, l’anime de 2024. Cela va être difficile de faire mieux, même si « The dangers in my heart » est un cador dans sa catégorie, et même si le reste (Hibike EuphoniumYuru camp ou autre) arrive et défonce le plafond en terme de qualité, il y a un challenge que Frieren a relevé en terme de récit et de narration qui va être très très difficilement atteignable. Même « les carnets de l’apothicaire » dont l’héroïne est une sorte de Mary-Sue qui ne dit pas son nom et qui en fait est plus complexe, et bien même cet anime au scénario flamboyant n’est pas au même niveau. Le travail sur cet anime est monstrueux, cela se sent à chaque scène, cela déborde d’intelligence du simple détail de décors à la mise en scène. C’est la meilleure pub pour l’animation japonaise, pour le manga éponyme, c’est un appel à aimer ce média et à cesser de nous casser les noix avec ces productions qui seraient faîtes pour les ados ou les gosses. Frieren est tellement au dessus de tout ça, cette série surpasse toutes mes attentes, cette série a coché toutes les cases de ce que j’attends d’un anime. Cette série monte sur mon podium perso, directement, et sans trop forcer. Le personnage de Frieren est fascinant, tout comme celui de Fern et de beaucoup de second rôle (j’aime beaucoup Lawine et Kanne, elles sont adorables). Bref le Lore de cette série est infini, et pour ma part c’était bien la dernière série dont j’attendais quelque chose, j’étais plus confiant sur « les carnets de l’apothicaire« . Quelle claque! Quelle réussite. Quel travail! C’est ça, un chef d’œuvre, bien devant d’autres à qui j’ai pu donner ce titre. Enfin j’ai un maître étalon pour les années 202x en terme de qualité générale!

P.S: cet avis n’est pas à récupérer pour vos créations, ni pour donner de la visibilité, ni partiellement ou avec n’importe quelle excuse. Je vous envoie la fossoyeuse sinon.

P.S2: achetez le manga pour soutenir l’autrice, elle a fait un travail qui a abouti à cet anime, et ce travail est précieux, il faut lui montrer.

P.S3: j’ai même pas parlé du réalisateur… Bocchi The Rock!, puis Sousou no Frieren? Le gars sait tirer le meilleur des gens avec qui il bosse on dirait.

P.S4: Je n’ai pas écris cet avis suite à la sortie du dernier épisode, juste la conclusion car cet anime a pas mal chamboulé ma hiérarchie personnelle des animes, m’a forcé à prendre beaucoup de notes et à tenter de mieux comprendre ce qu’il disait. Maintenant, j’attaque le manga 🙂

P.S.5: et la VF est convaincante, sous la houlette de Brigitte Lecordier (qui fait même quelques voix j’ai cru entendre par moment, surtout des enfantss évidemment). C’est différent de la VO mais ça marche aussi 🙂

P.S.6: Non monsieur le Chef Otaku, Ervan Call n’est pas un inconnu, mais pour ça faudrait regarder autre chose que des nekketsu (ce qu’il reconnaît lui même. M’enfin merci pour la vidéo sur Frieren qui va faire découvrir l’anime à une audience qu’il n’aurait pas touché.

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